Impermanence

Nicolas Lamas

27 février — 18 juillet 2020


In extenso a le plaisir de présenter « Impermanence », la première exposition personnelle en France de Nicolas Lamas, artiste péruvien basé à Bruxelles. Sa nouvelle installation in situ propose une exploration sur la nature éphémère des produits de la société de consommation, créant un lien entre la sphère humaine et le monde naturel.

Suivant ses intuitions, Nicolas Lamas collecte produits industriels et éléments organiques, qu’il choisit par leurs fonctions, leurs formes et leur précarité. Des magasins IKEA aux marchés aux puces, en passant par les parcs de ferrailleurs, l’artiste suit la trajectoire de la vie d’un objet, de sa production à sa consommation, et l’extrait du flux perpétuel de la circulation en le transformant en artefact archéologique. Tels les fragments d’un corps démembré, ces objets sont manipulés et agencés dans des compositions inattendues. Comme un tableau de vanité éclaté dans les différents espaces d’In extenso, l’exposition présente un assemblage d’allégories, invitant le public à imaginer de nouvelles associations et interprétations.

À l’entrée de l’exposition, la mâchoire d’une raie manta embrasse la forme interne d’un casque de sécurité. Derrière, un réfrigérateur sectionné en deux accueille le fémur d’un bovin, dont l’artiste a également placé une côte sur un jean usagé. Le long du mur de droite, une clarinette sert de raccord pour un tuyau en PVC. Un moteur monophasé mime la présence d’une machine en mouvement qui pénètre le mur, à côté de deux fragments de radiateur reproduisant une colonne vertébrale. Devant la vitrine, une patte de zèbre fonctionne comme support d’une barre en acier. Ces  arrangements, à la fois poétiques et rudimentaires, montrent une possibilité d’interchangeabilité et de fusionnement d’objets d’origines et d’époques disparates.

La deuxième partie de l’exposition dévoile un laboratoire en devenir qui s’appuie sur une structure d’intersections. L’artiste crée un choc visuel entre l’architecture brute et en phase de revalorisation, et l’installation aseptique constituée de tables standards, de néons blancs et de matériaux en décomposition (sortes de débris exposant leurs viscères).

Dans la salle de projection est présenté un défilé d’images anonymes issues des archives de l’artiste. Le compte Instagram de Nicolas Lamas rassemble des perspectives multiples et crée un parallèle avec sa pratique artistique. Par des posts et des stories (vidéos éphémères de courte durée), il collectionne des fragments d’oeuvres, des images prises sur Internet, des photos d’objets trouvés, des expériences éclectiques. L’exigence de documenter et de partager sur les réseaux sociaux nos vicissitudes et notre environnement manifeste notre relation physique et visuelle au monde et aux objets qui l’habitent, ainsi que notre peur de la fugacité de l’existence. Comme pour les rituels sacrificiels dans lesquels la prière doit être répétée pour devenir éternelle, l’artiste publie régulièrement des images sur son profil, qui devient ainsi le miroir fidèle de sa recherche artistique.

Le parcours se termine dans la cave d’In extenso, accessible pour la première fois au public, qui donne l’accès à un contexte à la fois hostile et contemplatif, pulsant comme un organisme vivant. Un stroboscope installé au centre de la pièce produit une alternance de phases de lumière intense et d’obscurité totale, offrant au visiteur un spectacle hypnotique et psychédélique, une évasion momentanée de la réalité.

Nicolas Lamas (Lima, Pérou, 1980) vit et travaille à Bruxelles. On compte parmi ses expositions internationales récentes : « Permafrost »,  MO.CO. (Montpellier, 2020) ; « An exhibition with works by… », Witte de With (Rotterdam, 2020) ; « Archaeology of Darkness », Galerie  Meessen De Clercq (Bruxelles, 2019) ; « Des attentions », Le Crédac (Ivry-sur-Seine, 2019) ; « Drowning in a Sea of Data », La Casa Encendida  (Madrid, 2019) ; « Liminality », Sabot (Cluj – Napoca, 2018) ; « Becoming Animal », Tenderpixel (Londres, 2018) ; et « Todo objeto es un espacio temporal », Fondation Joan Miró (Barcelone, 2016).