9 HACKS : OUTILS POTENTIELS

Kelly Weiss, Mathieu Guille, Lola Fontanié, Clémentine Palluy, Diane Réa, Ludovic Hadjeras, Amélie Sounalet, Marie Muzerelle, David Lennon, Jade Lièvre

23 janvier — 30 janvier 2020


« […] une histoire de scissions incessantes et de quêtes éternelles d’une essence unificatrice. Mais petit à petit, une autre possibilité de réponse à ces crises s’est imposée : la coalition – l’affinité, plutôt que l’identité. »
Cyborg manifesto, Donna Haraway

9 HACKS : OUTILS POTENTIELS est un projet d’exposition écrit par Jade Lièvre et Lola Fontanié. Lehack est un terme emprunté à l’anglais qui signifie « piratage informatique ». Ici, ce terme est déplacé vers un hacking du quotidien permettant à l’individu·e d’être acteur·rice dans la conception de ses conditions de vie.
Ce sont dix artistes qui sont invité·e·s : Lola Fontanié, Mathieu Guille, Ludovic Hadjeras, Jade Lièvre, Marie Muzerelle, Clémentine Palluy, Diane Réa, Amélie Sounalet, Kelly Weiss.

La rencontre vécue par les artistes invité·e·s lors de l’exposition forme un point de départ commun qui, au travers de ce collectif temporaire, cherche à trouver un autre présent absent mais possible.
Les artistes appellent les visiteur·rice·s à agir au sein de l’exposition, à participer à sa construction : les différentes pièces déplacent l’utilité du centre d’art pour le transformer en espace d’expérimentation, un lieu des possibles. Les interventions artistiques se mélangent et ne s’appréhendent pas simultanément, demandant parfois une attention et une participation régulière et étendue.


Dans ce désir de porosité, les artistes présenté·e·s interrogent les relations entre les êtres, en créant des œuvres hybrides et cabalistiques, tant dans leur matérialité que dans ce qu’elles sous-tendent.
Ce sont donc neuf hacks pour neuf interventions différentes. Des propositions qui brouillent les frontières entre performances, ateliers et leçons, comme une manière autre d’apprendre et de partager des expériences. Chaque artiste présente une pièce ou une histoire qui deviennent des outils collectifs à réutiliser, façonner et disperser.
Les objets autant que les rencontres mutent en outils d’émancipation, manuels, de réflexion dont tout le monde peut se saisir. 
Au travers de ces différentes expériences, nous voulons créer un moment de vie temporaire d’apprentissage, d’autonomie et de nouvelles relations.
L’exposition est accompagnée par un fanzine dédié à ces perspectives explorées tout au long de la semaine.

DIANE REA
Kung Fu Musée, 2020, conférence performative


Le Kung Fu est un art martial inspiré par la philosophie chinoise ancienne et comporte différents styles et différentes écoles. Une des caractéristiques du Kung Fu est l’analyse des comportements animaux afin de les retranscrire dans des techniques de combat et de défense. Il a commencé à se développer à partir de cinq animaux principaux : le tigre, la grue, le léopard, le serpent et le dragon. Au fil des années, des nouvelles techniques inspirées d’autres animaux ont vu le jour comme le rat, l’aigle ou encore l’homme ivre. Cette traduction de l’animal à l’être humain est importante dans la philosophie chinoise qui prône une observation méticuleuse de la nature. En portant une attention particulière à leur entourage, leur environnement et en essayant de comprendre le comportement des animaux sauvages, les chinois·e·s ont commencé à les copier. De quels autres êtres vivants pouvons-nous nous inspirer pour développer une technique d’auto-défense et d’attaque ? Quels mécanismes et langages sont mis en place dans la transcription et la traduction en technique des mouvements des animaux ? Qu’est-ce que l’auto-défense du futur ?


AMELIE SOUNALET
Ordentlich, 2020, mannequin de séchage et de repassage, assouplissant, planche à plier

« Sécher et repasser vos vêtements en une seule opération. Apportez vos habits encore mouillés à In extenso ! Venez avec vos chemises, tee-shirts, pantalons ou shorts directement sortis de votre machine à laver ! On s’occupe de tout en utilisant un objet qui sèche et repasse en même temps. Offrez à vos vêtements une apparence distinguée, apprêtée, pour vous mettre en valeur et briller en société en un temps record, et sans effort. En attendant que vos vêtements se fassent une beauté, vous pourrez apprécier l’exposition du 23 au 30 janvier 2020. »
Amélie Sounalet questionne l’apparence, le prendre soin, le geste répétitif du quotidien.
Dans quel contexte portons-nous un habit lisse ? Qui repasse ses vêtements ? Comment rentabiliser le temps de prendre soin de son apparence ?


MARIE MUZERELLE
Steam, 2020, cigarette électronique

À travers l’apparence d’une e-cigarette, objet qui réduit un risque sanitaire avéré en le remplaçant par l’inconnu, Steam est un outil divinatoire de précognition. Pendant le vernissage de l’exposition, l’objet circule de main à main afin que chacun·e puisse tenter de trouver des réponses à ses questions et ainsi sortir de l’inconfort d’une situation présentement complexe. Pour cela, les spectateur·rice·s  sont invité·e·s à aspirer en posant une question. En recrachant la fumée, la réponse apparaîtra.


MATHIEU GUILLE ET LOLA FONTANIE
La protéodie, 2019, musique, plantes invitées, système électronique

Les protéodies sont des mélodies composées dans le but d’inhiber ou de stimuler la synthèse de protéines spécifiques. Diffusées à des plantes, ces mélodies sont utilisées en agriculture pour stimuler la croissance de celles-ci ou leur résistance à une maladie.
En se référant à ce système de composition, Mathieu Guille et Lola Fontanié ont écrit une musique avec les notes correspondant à la stimulation de la protéine ocytocine. Celle-ci intervient lors de différentes manifestations de la sensation de plaisir : pendant l’orgasme, l’allaitement et le sentiment d’empathie.
Lors de l’exposition cette musique est diffusée dans l’espace une heure toutes les douze heures. Les visiteur·rice·s sont invité·e·s à amener leurs plantes et à les laisser habiter In extenso pour qu’elles puissent profiter de cette musique qui leur est adressée.
Détourner cet outil pour donner du plaisir plutôt qu’inciter à la croissance amène une tentative collective d’accorder de l’attention et de la place aux plantes comme pour mieux faire corps ensemble.

LUDOVIC HADJERAS
Nouvel ennemi, 2020, urine de loup, urine humaine

Dans l’espace d’exposition, à hauteur de canidé et aux endroits stratégiques, sont vaporisés des marquages composés de 50% d’urine de loup et 50% de l’urine de l’artiste. L’urine permet aux canidés de marquer leur territoire et renseigne sur l’origine de celui·elle qui a laissé cette trace. Comment réagissent les chiens face à cette urine hybride ? Excluent-ils l’odeur humaine pour ne réagir qu’à la marque du loup, faisant émerger une rivalité atavique avec l’ennemi·e invisible qui a marqué l’espace ? Considèrent-ils la trace humaine comme une intention de marquer le lieu ou envisagent-ils le tout comme un indice de présence d’un loup-garou sur le territoire ? Bien que nous soyons dépassé·e·s par ce langage en tant qu’êtres humains, nous sommes capables d’imaginer ce qu’il représente aux yeux des canidés. Cette capacité quasi empathique induit un déplacement du regard, un premier pas vers le devenir garou.


DAVID LENNON
Juste un doigt, 2020, vidéoconférence

Bonjour, David n’étant point là durant le temps de l’exposition, il vous propose pour rester en contact, de vous toucher deux mots sur la pratique du massage, par vidéo conférence numérique digitale et tactile. Le massage, sans s’agiter, de quoi s’agit-il ? Avec le plus de tact possible et une tactique de « I don’t care but I do », il va aborder ce point de tension : comment toucher au but de détendre sans attendre qu’on en ait plein le dos ? David remercie masseur Jade et ma sœur Lola pour leur invitation.


JADE LIÈVRE
Faîtes comme chez vous, 2020, tapis, coussins, gamelle d’eau, biscuits

Jade Lièvre invite les chiens à se joindre aux festivités du vernissage et à l’espace d’exposition pour le temps d’une semaine. De quelles manières sont-ils spectateurs ? Comment perçoivent-ils les œuvres présentées ? L’artiste souhaite ouvrir In extenso à ces nouveaux spectateurs, habituellement exclus de ces lieux ouverts au public. En leur proposant un espace commun, elle fait cohabiter l’être humain et son meilleur ami. Les visiteur·rice·s sont donc invité·e·s à venir accompagné·e·s de leurs compagnons canins. Lors du vernissage, de l’eau et des denrées comestibles pour les deux espèces seront proposées.


CLÉMENTINE PALLUY ET LOLA FONTANIE

Entre mes, 2019-2020, derrière une table remplie de gâteaux et de cocktails, deux hôtesses sont présentes pour vous servir et répondre à toutes vos attentes
L’idée a germé lors d’une de ces nuits où l’excitation nous tient éveillées. Un peu de magie, de folie, et quelques gestes mesurés donnèrent naissance à leur première collaboration. Lola et Clémentine vous invitent à goûter, savourer, vous délecter des conceptions préparées dans leur antre. Le 23 janvier, à 18h30, laissez-vous séduire par de délicieux desserts et boissons à base de lubrifiants. Rassurez-vous, elles ne souhaitent vous donner que du plaisir sans vous empoisonner. Testés sur un panel d’humain·e·s consentant·e·s, chaque met est conçu avec une attention particulière… Rien ne viendra entraver votre dégustation, sauf le désir d’y retourner.


KELLY WEISS
Surrounding, 2020, terre, liquide vaisselle

Penser la peinture avec son environnement, de manière sensible. Kelly Weiss vient révéler les détails, les défauts et cherche à redonner une temporalité au lieu d’exposition. Par ce biais, elle interroge l’espace pour ce qu’il est tangiblement, et les limites du médium pictural. Le lieu est ici le cadre de la peinture, les imperfections en deviennent la composition. En peignant de cette façon, elle se débarrasse de l’idée d’une image et d’un potentiel objet d’art.

9 HACKS Outils potentiels est une exposition réalisée dans le cadre d’un partenariat avec l’École Supérieure d’Art de Clermont-Métropole et avec le soutien de la Haute École des Arts du Rhin et de l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse.